037 - la susceptibilité La susceptibilité est la perception émotive d’une forme qui fait vibrer l’ego et l’attaque dans son orgueil. La susceptibilité affecte toujours l’ego dans sa fierté, ou son orgueil, ou sa vanité, c’est-à-dire dans cette partie de lui-même qu’il considère injustement attaquée, que ce soit volontairement ou involontairement de la part d’un autre. La susceptibilité est la fille de l’insécurité. Elle est la paroi sensible de l’insécurité qui vibre car le mental n’est pas pur, c’est-à-dire parce qu’il y a encore de l’émotion dans l’Homme. La susceptibilité engendre des réactions de toutes sortes chez l’Homme : réactions profondes qui demeurent cachées, réactions de surface qui indiquent l’émotion, ou réactions fortes qui engendrent un trop plein d’émotions et peuvent se déchaîner en colère. La susceptibilité n’est jamais valable, car elle n’est jamais consistante avec la réalité de la situation. Elle est toujours auto-infligée. C’est l’ego qui s’inflige la douleur que provoque la susceptibilité, car il est insécure. Il se fait prendre dans le jeu de la forme. Si l’ego expérimente la forme et en subit la vibration, sa susceptibilité est proportionnelle à son manque de centricité, à son insécurité. Que sa susceptibilité soit justifiable, elle ne l’est qu’à ses yeux, car c’est lui qui en souffre l’occasion. Dès que l’ego souffre de susceptibilité, son intelligence réelle s’affaiblit, laissant place à l’émotivité. Si, dans le choc de l’expérience, sa centricité était suffisamment grande, il lui serait possible de neutraliser la vibration qui cherche à se loger dans son centre émotionnel et transformer cette énergie afin de préserver la conscience réelle en lui. Souffrir de susceptibilité, c’est souffrir de soi-même, c’est manquer d’objectivité face-à-face à la forme qui vous pénètre. La susceptibilité peut se loger chez n’importe quel être, tant qu’il n’a pas totalement le contrôle sur son émotionnel. On peut voir alors que ce problème est congénital avec la nature même de l’Homme de la 5e race. La susceptibilité protège faussement celui qui en souffre, car elle lui fait sentir quelque chose dont il ne veut pas admettre la réalité. La susceptibilité est une mesure précise d’une affliction quelconque de l’ego. Il ne s’agit pas de croire que la flèche ressentie au cours de l’expérience de susceptibilité soit justifiable ou non, il s’agit de réaliser que la vibration qu’elle engendre doit être neutralisée au niveau du mental afin de laisser libre l’émotif. Si l’ego est centrique, mental, dans l’expérience, quelle que soit la nature de la flèche dirigée volontairement ou involontairement vers lui, il ne vibrera pas émotivement, il ne souffrira pas dans son émotif. S’il ne l’est pas, il souffrira dans son émotif et cette souffrance se traduira par une perte instantanée de conscience. La susceptibilité est un venin qui risque de détruire de bonnes relations humaines, car l’émotif souvent sur-réagit à une forme qui, dans un autre moment, pourrait passer inaperçue. Comme l’ego, sciemment ou inconsciemment, est alimenté par les énergies de l’âme qui est toujours aux aguets pour la moindre expérience pouvant lui servir, il est important qu’il puisse reconnaître la nécessité de transférer sur le champ au mental toute vibration qui puisse l’affecter émotivement pour rien. La susceptibilité provient de l’impuissance psychologique de l’ego vis-à-vis d’un autre ego. Je veux dire ici que l’impuissance psychologique est l’affaiblissement d’un ego par un autre. Tant qu’un ego n’est pas centrique, il est susceptible d’être perturbé par les actions ou les paroles d’un autre ego. Et comme l’Homme au large est inconscient, il y va de soi qu’il risque de souffrir, jusqu’au jour où il aura suffisamment transformé son émotif en énergie mentale. Tant que la susceptibilité n’atteint pas de sommet irraisonnable, elle fait partie de la vie inconsciente et peut servir de baromètre selon lequel l’être qui se conscientise peut mesurer le degré d’affliction auquel est sujet son ego décentré. Mais il y a des cas, de nombreux cas, où la susceptibilité atteint des proportions dangereuses qui indiquent clairement que l’ego se désintègre petit à petit, perd de son équilibre. Les gens qui vivent une très grande sensibilité, ou une trop grande sensibilité, vivent une susceptibilité au-delà du raisonnable. Et de cette expérience s’encourent de grandes difficultés sur le plan de la communication avec des êtres moins sensibles qu’eux, plus coriaces. Alors ces êtres sensibles doivent comprendre que leur sensibilité devient facilement une cible contre eux-mêmes. La susceptibilité peut être ravageante, s’il ne s’avise pas de la contrôler. Il est évident que la susceptibilité provient de l’insécurité, mais il n’est pas évident qu’elle soit liée à une sorte de fierté, vanité de l’esprit. Ce n’est que dans le mental pur que cette affliction de l’ego cesse totalement d’exercer chez l’Homme son effet. La susceptibilité engendre suffisamment de malaise dans l’émotif pour que l’Homme en soit victime, surtout s’il côtoie des êtres qui ont la langue fourchue et les mœurs quelque peu aguerries. Plus cet Homme sera doué d’une sensibilité extrême, plus la susceptibilité sera pénible, car nul ne peut prétendre à l’immunité de la parole s’il n’est pas au-dessus de la forme qui l’atteint, avec ou sans mauvaise intention. Ce n’est plus le monde extérieur qui doit être changé, mais le monde intérieur de l’individu. C’est lui qui doit construire ses corps de telle sorte qu’il ne souffre plus du monde extérieur. Non pas parce que le monde extérieur aura changé par rapport à lui, mais bien parce que lui, aura été transformé pour en être libre. L’Homme a toujours l’impression, la fausse impression, que la société s’améliore, lorsqu’en fait elle décline, bien que son progrès matériel soit un indicateur favorisant le qualificatif de progression sociale. Il réalisera un jour que tout en lui doit changer pour qu’il puisse survivre à la décadence. S’il est susceptible, il souffrira de plus en plus, car le cœur des Hommes s’endurcit avec les années. Qu’adviendra-t-il des sensibles qui souffrent des autres, parce qu’ils ne sont pas suffisamment centrés, c’est-à-dire suffisants envers eux-mêmes ? La susceptibilité peut être maladive, c’est-à-dire stupide, lorsque l’Homme s’imagine trop les paroles ou les actions apparemment dirigées contre lui. Un tel Homme souffre de sa propre faute et mérite de souffrir, car sa stupidité dépasse les limites acceptables de l’inconscience. Quelles que soient les actions ou paroles qu’il sent dirigées contre lui-même, l’Homme doit être capable d’en laisser passer le venin sans en être étourdi. Ceci démontre clairement une maturité, c’est-à-dire une force interne suffisamment grande pour supporter l’abrutissement auquel il est assujetti. Sinon, l’orgueil, la fierté, se mettent de la partie et l’ego en est perdant, car ni la fierté, ni l’orgueil ne peuvent donner à l’Homme quelque chose de réel, bien qu’ils puissent soulager temporairement le mal, dans le cas où une personne susceptible se revanche de l’agression verbale ou active dont elle se croit victime par intention. La susceptibilité infecte les amitiés entre deux Hommes, car celui qui en est victime est toujours sur le point de compromettre son amitié pour des raisons la plupart du temps fallacieuses. Puisque la susceptibilité n’est pas évidente à celui qui n’en réalise pas la teneur, elle contribue à diminuer sa centricité, car elle ronge son matériel essentiel, c’est-à-dire son mental. Elle enlève à son mental la force de résister aux intempéries extérieures, elle lui fait constamment suivre la courbe de ses émotions. Et c’est de l’émotion qu’il se nourrit, au lieu de son mental d’où naît toute la force nécessaire à la transformation de l’émotif. La susceptibilité déclenche une émotion qui couvre l’intelligence pure, mentale, de l’Homme. Et c’est justement à la manifestation de cette émotion qu’il doit ajuster sa vision et ne pas se laisser emporter par la forme que suscite l’émotion en lui. Il doit la déraciner à la naissance. De là, il construit peu à peu son corps mental supérieur. Un ego peut facilement absorber un choc vibratoire d’un être qu’il sait équitable, juste. Mais il peut difficilement faire de même avec un être qui n’est pas dans la même intelligence, et c’est précisément avec cet être inconscient que peut le mieux se faire le travail. Lorsque l’on sait qu’une personne parle objectivement, on ne souffre pas d’elle, mais lorsque nous avons affaire aux Hommes en général, notre réaction est souvent suralimentée par notre émotif ; de là, la susceptibilité. Beaucoup d’Hommes s’interrogent sur le pourquoi d’une parole ou d’une action dirigée vers eux. Ici aussi, il y a perte d’énergie, car ce qui a été dit et fait est déjà du passé, et tout ce qui est du passé doit demeurer passé et ne jamais être ramené au présent pour des raisons d’ordre émotionnel, car l’émotion est une force dans l’Homme qui le rapporte à la souffrance déjà vécue. La susceptibilité projette deux facettes principales. Premièrement, l’insécurité de l’ego vis-à-vis de lui-même, ce qui le rend sensible à l’attaque intentionnée ou non. Et deuxièmement, la fierté, l’orgueil ou la vanité de la personnalité. Si l’ego et la personnalité formaient un tout parfait, l’Homme ne pourrait souffrir de susceptibilité, car la force qui réunirait ces deux parties interdépendantes de lui-même serait la force de l’âme, c’est-à-dire l’être psychique par excellence à l’intérieur duquel jaillissent les trois principes. Lié au niveau de l’ego et de la personnalité, l’Homme ne peut être émotivement perturbé, car les trois principes en lui coordonnent son activité mentale et émotive, de sorte que lui, en tant qu’individu, ne peut plus être affligé par un autre ego, puisqu’il n’est plus influençable. Il est remarquable de reconnaître que les gens susceptibles sont très influençables, même s’ils ne le réalisent pas ou ne veulent pas l’admettre. Que l’influence soit bonne ou mauvaise ne change rien à la situation, car toute influence est inférieure au supramental, puisqu’elle vient de l’extérieur. Mais la susceptibilité, souvent, créera un climat de méfiance chez l’individu, car sa forme psychologique est la méfiance. De la susceptibilité on devient méfiant, et de la méfiance on devient à l’extrême, paranoïaque. C’est infiniment plus rassurant d’être méfiant que paranoïaque, et plus normal d’être susceptible que méfiant. Cependant, une courbe ici indique la détérioration de la communication entre les Hommes. Là où la susceptibilité a creusé avec le temps un fossé de plus en plus profond entre l’être réel et l’être insécure, nous voyons apparaître le spectre de la méfiance. L’œil se durcit, l’Homme se retire du dialogue, car il n’a plus la richesse d’esprit que crée l’entretien bien soutenu et bien vécu. La méfiance est le début de la maladie de l’émotion. Un Homme en santé émotionnelle ne connaît pas la méfiance, bien qu’il ne soit pas dupe au faux. La méfiance ne peut s’installer chez lui, car il est confortable en lui-même, il est bien en lui-même. Mais lorsque l’Homme n’est plus bien en lui-même, que son émotif joue sur presque toutes les cordes de son être, la méfiance progresse, et vient le jour où on peut la voir écrite sur son visage. Un tel Homme est voué à vivre seul, car personne ne peut combler le vide qu’il a fait autour de lui. La susceptibilité ressemble à un germe qui peut, si on le laisse se développer, devenir un petit être, la méfiance, qui peut à son tour si on la laisse se développer devenir un monstre : la paranoïa. La méfiance est d’autant plus néfaste pour l’Homme qu’elle détruit en lui la nécessité naturelle de dialoguer avec l’Homme pour son bien-être personnel. Elle cultive une sorte de solitude intérieure, et lui donne naissance en coupant le cordon qui lie l’Homme à l’Homme socialement. La méfiance est maladive, car elle n’est pas justifiable à quelque niveau que ce soit. On peut se méfier de tout quand on n’est pas sûr de soi-même. La méfiance est une forme subtile d’orgueil dans le mental, l’orgueil dort en elle. L’Homme méfiant est un être à double paroi : une paroi s’ouvre vers le monde extérieur et l’autre vers lui-même. Et son inconscience empêche que le monde extérieur passe à travers l’autre paroi de lui-même, car cette paroi est faible. Et nous retrouvons toujours dans l’Homme méfiant un fond de faiblesse que lui ne reconnaît pas, car il est trop plein de lui-même. Ce n’est pas lui qu’il surveille, mais les autres. Et alors qu’il surveille les autres, il ne réalise pas que sa paroi intérieure se ronge et perd de sa souplesse. Petit à petit cette paroi s’effondre, et la dernière phase de la susceptibilité se manifeste : la troublante effigie de la mort de l’esprit créatif chez l’Homme, la paranoïa ou la crainte de tout. Alors, d’un petit germe ressenti à l’occasion par tous les ego, plus souvent par les ego sensibles, jaillit une plante affreuse qui défigure la personnalité, renferme l’ego, et rompt la possibilité à l’âme de se faire sentir. L’intelligence réelle, la volonté et l’amour universels ne peuvent plus, malgré tous les efforts de l’âme, s’établir sur le plan matériel de l’Homme. La paranoïa est incontestablement la pire des maladies mentales. Car elle ne se manifeste que graduellement, et son apparence demeure souvent insoupçonnée par ceux qui entourent la victime, jusqu’au jour où elle se présente en grande dame de la démence. Tant qu’elle s’inspire de l’intérieur maladif des pensées et des émotions humaines, elle demeure calme. Mais dès qu’elle montre son visage et que l’étranger puisse la ressentir, elle livre la guerre à tous les Hommes de bonne ou de mauvaise volonté, car elle ne peut plus discerner le vrai du faux, le vraisemblable de son opposé. Elle s’oppose à tout. La créativité meurt alors dans l’Homme, car pour vivre créativement il faut aimer l’Homme, du moins un peu, même si cet Homme n’est pas parfait. Il faut aimer l’Homme dans ce sens qu’il faut pouvoir voir en lui de bonnes intentions. Mais l’être paranoïaque n’aime pas l’Homme, il ne voit dans l’Homme que le mensonge, parce qu’il est lui-même mensonge. La créativité, même la plus minime, ne peut faire son chemin à travers un marais aussi dense de brumes de toutes sortes. L’esprit meurt. Et lorsque l’esprit meurt dans l’Homme, tous les plans de son être commencent à se remplir de moisissures. Le mental perd sa clarté, le peu de clarté que peut avoir un mental inférieur ou inconscient, et l’émotif devient nerveux, sursaute à la moindre intention mal perçue... quelle vie ! Et pourtant, tout commence quelque part à un point quelconque, où l’Homme commence à vivre de ce qu’il a mal vécu dans le passé, le passé de son évolution. Les corps subtils de l’Homme lui sont fournis pour l’expérience ! Reste à lui de les développer, de les renforcir, de les déchaîner du passé de son expérience. La susceptibilité n’est pas seulement un aspect de la vie présente, elle recule dans le temps et saigne son Homme dans une vie future, c’est-à-dire aujourd’hui. Mais rien n’est perdu pour l’Homme, car l’Homme est un être en puissance. Ceci veut dire que tout Homme peut renverser la vapeur dans sa vie, s’il en est prêt, car la vie ne se découvre que dans la mesure où l’on veut bien la découvrir. À partir de ce moment, il y a un remède à tous les maux. La susceptibilité est mineure, la méfiance majeure, la paranoïa terminale. Les trois aspects d’une même condition, s’expliquent par le même principe. L’ego qui rencontre un autre ego doit pouvoir donner sur-le-champ le bénéfice du doute à l’autre ego. Sinon, il risque d’amoindrir en lui-même le principe d’amour qui agit subtilement, et se retire lorsque l’ego cesse d’être raisonnable, c’est-à-dire intelligent dans sa sensibilité. Et lorsque l’amour se retire dans l’Homme - je parle du principe de l’amour, de son énergie créative et non de l’amour humain -, l’Homme commence à se pencher vers la méfiance, pour ensuite sombrer dans la paranoïa. Car l’Homme connaît l’amour humain, mais non le principe d’amour. Et dès que ce principe cesse de nourrir l’Homme à son insu, l’amour humain disparaît car il découle du principe, bien que sa manifestation soit inconsciente. Au stage de la méfiance, la perte d’amour se fait sentir et dans le cas de la paranoïa, il n’existe plus. Lorsque l’Homme perd l’activité du principe d’amour en lui, son intelligence et sa volonté s’affaiblissent car les trois principes ne font qu’un. C’est pourquoi nous soulignons que l’Homme a avantage à bien se comprendre, c’est-à-dire à se réaliser dans son être, afin de ne pas perdre contact avec les principes supérieurs en lui qui s’estompent lorsqu’il s’enfonce trop profondément dans de mauvaises habitudes de l’esprit, qui risquent de s’amplifier s’il ne garde pas la juste mesure. Mais l’Homme ne se voit pas, parce qu’il ne se connaît pas. Il ne se connaît pas, parce qu’il ne se voit pas. Encore le cercle vicieux, et seul - comme il a été dit ailleurs au cours de ces conversations enregistrées pour vous - le centre de l’Homme, l’Homme réel, la conscientisation de l’ego, peut effacer ces bavures de la personnalité qui diminuent le rendement humain, et empêchent l’Homme d’être bien dans sa peau. La susceptibilité est quelque peu normale tant que l’Homme ne puisse connaître les pensées profondes de l’Homme. Mais sa normalité ne peut être excusée, car l’Homme doit passer du stage subjectif au stage objectif, du stage mental au stage supramental, en passant par la période de transition que nous pouvons appeler « le surmental ». Au cours de la phase intérimaire, l’Homme commence à voir à travers sa susceptibilité, et réaliser que c’est lui-même qui saute trop haut, pour rien. Ceux, par contre, qui en sont arrivés au stage de la méfiance, sont à la limite de leur capacité créative, c’est-à-dire qu’ils ont le choix encore de comprendre ce qui est dit. Et ce choix relève de leur bonne volonté, c’est-à-dire du fait qu’ils sont encore alimentés par le principe de l’amour, même s’ils n’en connaissent pas le mystère. Quant à ceux qui sont déjà entrés dans la cour de la paranoïa, ils risquent de ne pouvoir saisir le réel derrière leurs illusions, car déjà les murs de la cour se resserrent contre eux, et peu ou presque rien du principe d’amour ne peut alimenter leur esprit suffisamment pour que de telles paroles tombent sur un terrain propice à la culture du raisonnable. La susceptibilité affecte l’ego dans son insécurité, la méfiance détruit la sécurité dans l’ego, la paranoïa engendre l’insécurité dans l’ego et finalement le terrasse par la crainte permanente. Si nous jetons un peu de lumière sur un aspect presque généralisé chez l’Homme, telle la susceptibilité, c’est pour en dévoiler la mécanique voilée qui peut se déchaîner, si l’Homme ne voit pas la continuité dans ses faiblesses. Continuité qui découle du fait qu’une petite faille dans un cristal peu, avec le temps, le rompre. La méfiance en tant que telle ne débouche sur rien d’autre, si déjà l’ego est alimenté par une force spirituelle suffisante. Mais même cette force n’est pas à l'abri de la paranoïa, surtout si l’ego est très sensible. C’est justement l’ego très sensible qui risque de sombrer dans l’acte final, car sa trop grande sensibilité est porteuse d’un autre germe : la faiblesse de caractère, autrement dit le manque de volonté. Si un principe est affaibli, les deux autres peuvent alimenter l’Homme. Mais lorsque l’amour est affaibli et la volonté affaiblie par la sensibilité spirituelle ou caractérielle, l’ego risque de perdre la partie. Car bien que l’amour soit essentiel en tant que principe dans l’Homme, afin de le soulever au-dessus de la poussière de la personnalité, l’absence du principe de volonté, si elle est trop marquée, risque d’engendrer la grande illusion de tous ceux qui souffrent de paranoïa, c’est-à-dire la crainte. C’est la crainte qui devient irréversible lorsqu’elle s’installe profondément, car l’insuffisance de la volonté permet que l’ego se laisse entraîner dans les bas-fonds de son imagination où le principe d’intelligence est totalement bloqué. La susceptibilité peut être contrôlée lorsque l’ego s’arrête dans sa réaction coutumière face à la parole ou à l’action interprétable de l’Homme. Qu’il s’arrête au niveau de l’interprétation et qu’il cesse sur-le-champ de croire que sa réaction est juste. Qu’elle soit juste ou non, n’est pas le point, mais qu’il s’arrête, est tout le point. L’ego susceptible veut toujours se satisfaire de l’intention des autres vis-à-vis de lui-même, car il veut, sans s’en apercevoir, renverser son insécurité, alors que cette dernière ne peut être renversée mais détruite. Et pour qu’elle soit détruite, il faut qu’elle soit comprise dans son illusion et non alimentée par la perturbation renversée. Il est évident que l’Homme doit réapprendre à se connaître. Et ce n’est pas en réagissant à l’extérieur qu’il réapprendra, mais en neutralisant la vibration de la forme qui le fait vibrer. Alors il fera descendre en lui l’énergie du principe de l’amour et de la volonté, et son intelligence débloquée éclairera la situation et toute susceptibilité prendra fin. En ce qui a trait à la méfiance, le problème est semblable mais différent. Il est semblable dans ce sens que l’Homme doit apprendre à s’ouvrir à l’autre, mais différent dans ce sens qu’il lui est plus difficile de le faire, car il y a moins en lui d’activité du principe d’amour. Alors il doit subir la parole ou l’action de l’autre, et apprendre à reconnaître son erreur. Ceci demande chez lui de la patience envers les autres, c’est-à-dire qu’il doit apprendre à ne pas sauter aux conclusions que lui présente son intelligence en souffrance et ses sentiments. Car déjà son intelligence est affaiblie par le manque d’amour. Et lorsque l’Homme comprend bien la nature de la susceptibilité en lui-même, il commence à bien comprendre la nature-même de son état subjectif. Il commence à bien comprendre la raison pour laquelle il lui est impossible de bien servir l’Homme, c’est-à-dire d’être bien avec l’Homme, il commence à comprendre pourquoi il lui est impossible d’être totalement bien dans sa peau, il commence à comprendre pourquoi il est impossible à l’Homme d’être à la fois bien dans sa peau, s’il n’a pas en lui-même suffisamment de l’énergie du principe d’amour pour se voir en relation étroite avec l’Homme. La susceptibilité est un état d’esprit qui provient du fait que l’Homme est orgueilleux. Là où il y a orgueil, il y a susceptibilité ; là où il y a susceptibilité, il y a un manque de communication entre les Hommes, il y a un manque de service entre les Hommes. C’est pourquoi la susceptibilité vue du point de vue supramental est une erreur fondamentale de la psychologie de l’Homme, et doit être abolie, car elle empêche l’énergie de l’intelligence, de l’amour et de la volonté de bien se former dans le mental supérieur de l’Homme. La susceptibilité est une force qui retarde l’évolution de l’Homme, bien qu’elle puise la naturemême de sa motivation dans la sensibilité extrême de l’ego. Bien que l’ego soit sensible, bien que l’ego soit délicat dans ses sentiments, dans ses perceptions, la susceptibilité tue en lui sa possibilité d’accéder à un autre niveau de conscience, c’est-à-dire à un autre niveau d’intelligence, d’amour et de volonté. La susceptibilité n’a pas de raison d’être, mais elle est ! Et elle l’est, parce que l’Homme a en lui trop de fierté, trop d’orgueil ou trop de vanité. Mais si l’Homme ne voit pas l’enchaînement de ses états d’esprit qui entraînent en lui des excès, des abus de personnalité, comment peut-il avoir accès, avec le plus grand des désirs spirituels, à la conscience cosmique qui est totalement au-dessus des bavures, au-dessus des niaiseries, au-dessus de la nature humaine telle que nous la connaissons aujourd’hui ? La susceptibilité est une forme d’enfantillage, elle est une forme d’immaturité, elle est immaturité. L’ego cherche toujours, je parle de l’ego susceptible, cherche toujours à se donner raison. Il s’imagine toujours que les autres essayent, au-dessus de lui, de lui enlever sa raison. Et pourtant, ce n’est pas le cas, parce que les Hommes sont beaucoup plus grands dans leur fond intérieur - même s’ils sont inconscients, que l’on peut se l’imaginer. Qu’il y ait des gens qui soient réellement négatifs, réellement retardataires, c’est normal. Mais il y a aussi beaucoup de gens, beaucoup de bonnes gens. Et souvent, dans les relations entre l’ego susceptible et ces bonnes gens, il y a encore de l’excès de la part de ce dernier. L’être susceptible doit apprendre à se connaître, à se voir dans sa susceptibilité. Il doit apprendre à la reconnaître, et doit lui sauter aux yeux lorsqu’il vibre à la forme. Tant qu’il n’a pas la capacité de réaliser sur-le-cham, qu’il vibre à une occasion de susceptibilité, il retarde son évolution. Il empêche l’intelligence de s’épanouir en lui. Il empêche l’amour de lui faire découvrir son vrai lui-même, il empêche la volonté d’exercer sur son ego, le pouvoir de l’âme. La susceptibilité est une forme de corrosion de l’ego. C’est une forme de corrosion qui empêche l’ego de voir au niveau mental, au niveau émotif, la clarté parfaite de sa réaction devant l’extérieur. La susceptibilité engendre dans l’ego, avec le temps, surtout s’il passe du stage de la susceptibilité au stage de la méfiance sans parler du stage de la paranoïa, une sorte de devenir qui empêche l’Homme d’entrer en étroite relation avec l’Homme. L’être susceptible doit réaliser que sa susceptibilité est foncièrement un produit de son insécurité. Il doit réaliser que la susceptibilité est construite avec le matériel mental de son orgueil. Et voyant ces deux aspects du problème, il peut petit à petit commencer à contrôler cette maladie mentale de l’Homme, qui affecte les relations entre les Hommes, et qui force l’individu susceptible à devenir de plus en plus seul, c’est-à-dire à ne pas pouvoir communiquer facilement avec les autres. Et l’Homme a besoin de communiquer avec les autres, parce que les autres ont beaucoup à dire à l’Homme. Tous les Hommes ont quelque chose à dire. Mais souvent, malheureusement, ils ne le disent pas bien parce qu’ils n’ont pas encore la parole. Mais lorsque les Hommes ont la parole et qu’ils se mettent à parler, on s’aperçoit alors que l’être susceptible est encore méfiant. Parce que la susceptibilité est l’envers de la méfiance, elle est l’aspect le moins pénible de la méfiance. L’Homme a beaucoup à apprendre de l’Homme, même de l’Homme inconscient, parce que dans la parole de l’Homme inconscient, mal dite, mal exprimée, il y a toujours un point, quelque chose qui indique quelque chose. Et si un être susceptible ne voit pas à travers sa susceptibilité, il ne pourra jamais atteindre ce point dans ce que l’autre dit. Il ne verra jamais, dans ce que l’autre dit, quelque chose qui puisse le servir, qui puisse l’aider, parce que sa susceptibilité sera toujours une méfiance de la valeur de ce que dit l’autre. Souvent les gens nous font reconnaître des aspects de nous-mêmes sans qu’eux-mêmes en soient conscients, c’est la parole à l’action. Et si l’Homme est subjectif, si l’Homme est susceptible, automatiquement cette intelligence, qu’eux ne réalisent pas, nous est perdue. C’est pourquoi la susceptibilité est un fossé entre l’Homme et l’Homme. C’est un fossé qui empêche l’intelligence créative, dans le moindre des Hommes, d’éclairer le moindre des Hommes. La susceptibilité engendre avec le temps l’inquiétude, car elle détruit la paix de l’esprit. Elle force l’esprit à se replier sur lui-même, et à broder toutes sortes de chimères qui ne coïncident pas avec la réalité psychologique d’une situation humaine. Elle envahit par ses excès l’esprit, et lui enlève son repos. Et pourtant, Dieu sait si l’esprit de l’Homme a besoin de repos pour entrer dans l’intelligence du réel. La confiance raisonnable est nécessaire entre les Hommes, sinon inutile de les rencontrer. Et pourtant la susceptibilité détruit cette confiance, car la méfiance, dont elle est la mère, caractérise son mouvement naturel, surtout chez les êtres de très grande sensibilité. L’être susceptible aura tendance à s’interroger sur tout et sur rien, car rien ne lui convient parfaitement. Il se sent toujours en perte de mesure vis-à-vis de ce qu’il croit sentir ou réaliser. Un pas en avant, deux pas en arrière. Tels sont les symptômes. Il n’a jamais suffisamment le pied solide sur le terrain de l’esprit, car l’esprit pour lui est une chose délicate à ne pas trop bouleverser. Sinon comment pourra-t-il aller plus loin, vers un chaos possible qu’il n’entrevoit que parce que lui-même n’est pas dans la paix de son esprit ? Un des grands remèdes à la susceptibilité est la réalisation qu’on n’a pas toujours raison, même si on est fort de sa propre raison. Il nous est important de voir qu’à une raison, peuvent s’en ajouter tant d’autres. Une fois libre de susceptibilité, l’ego devient plus sécure, plus sécurisant, et confiant. Il commence un peu à vivre et à s’apercevoir réellement, c’est-à-dire à se voir tel qu’il est dans sa véritable lumière. L’orgueil s’affaiblit, la fierté s’estompe, et la vanité se cache derrière le regard de plus en plus pénétrant de la lumière réelle. Lorsque l’ego a compris, saisi, la stupidité de sa susceptibilité, il commence à voir les Hommes autour de lui d’une façon plus engageante. Et ceci l’amène à rencontrer et communiquer non pas seulement avec ceux qui le sécurisent, mais avec tous, car il ne sent plus en lui la méfiance. Il s’aperçoit que beaucoup d’Hommes valent la peine d’être entendus, pourvu que lui veuille bien s’ouvrir à eux, sans condition, sans restreinte. La susceptibilité, la méfiance, la paranoïa, sont les paramètres d’une même équation. Inutile de parler de l’un, sans comprendre et voir les possibilités de l’autre. Ainsi l’on peut comprendre ceux qui en souffrent et s’empêcher soi-même de se joindre à eux. Être susceptible, c’est souffrir de vérité et ne pouvoir voir le mensonge qu’à travers la vérité que l’on souffre.